Conférence de presse du 18 juillet 2006 PPRI
Saumane-de-Vaucluse
Christian Chavrier
Porte-parole du collectif "Au secours le Vaucluse se noie!"
Le collectif "Au secours le Vaucluse se noie!" s’est spontanément composé de professionnels du tourisme, de l’immobilier, de notaires, de citoyens et d’élus locaux de Vaucluse.
Nous dénonçons la mise en oeuvre uniforme, arbitraire et dépourvue du moindre bon sens de l’arrêté en vigueur depuis le 1er juin 2006 qui réglemente l’information due aux acquéreurs et locataires sur les risques naturels et technologiques majeurs dans notre département mise en place dans le cadre du PPRI.
Qu’il soit acquis que nous ne contestons pas et que nous sommes évidemment favorables à une information claire et sincère due aux acquéreurs, locataires et touristes sur les risques naturels et technologiques encourus.
Cette information doit toutefois être réaliste, établie dans la transparence et la concertation, tenant compte de l’historicité des évènements; sur la foi d’études contradictoires connues de tous. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Je pose aujourd’hui à l’Etat et les technocrates de tous poils quelques questions simples auxquelles il serait bon qu’ils puissent répondre :
ü Y aurait il des risques qui mériteraient d’être connus des locataires et acquéreurs et non pas de la population ?...
ü Pourquoi placer uniformément toutes les communes de Vaucluse en risque d'inondation sans aucune distinction topographique ?...
ü Pourquoi n’avoir jamais tenu compte de l’avis de ceux qui ont la légitimité pour se saisir de ces questions à savoir les élus locaux ?
ü Comment rendre compatibles les plans d’occupation des sols qui acceptent certaines constructions et que le PPRI bientôt refusera...
ü Comment établir une liste de prescriptions en matière de sécurité et d’urbanisme si la notion de risque n’est pas détaillée et étayée ?
L’ensemble de nos territoires est donc désormais placé sans distinction en zone "risque inondation", sans aucune distinction topographique, ou faire de référence à l’historicité des évènements entre autres!
En clair, le Lubéron et le Mont Ventoux transformés en récifs, le château de Gordes devenu un lieu prisé pour la plongée, sont l’exacte vision des technocrates parisiens et locaux. Ils en informent d’ailleurs la terre entière afin d’être certains qu’investisseurs et touristes fuient nos territoires dont l’avenir économique ne préoccupe pas grand monde à Paris!
Nous aboutissons sur certains territoires par exemple, le nord Vaucluse et le sud de le Drôme par exemple, à des situations insensées puisque d’un département à l’autre l’appréciation est différente au sujet d’un même territoire, selon de quel côté de la frontière administrative on se trouve…
Accepter aujourd’hui ce PPRI anticipé en l’état revient à accepter le PPRI définitif sans en connaître précisément les contours, c’et clairement inacceptable.
Après seulement un mois et demi après l’entrée en vigueur de l’arrêté préfectoral, un certain nombre de professionnels de l’immobilier ou du tourisme témoignent d’une réelle inquiétude du public, voire de l’annulation de locations ou l’échec de transactions en raison de l’application en l’état du PPRI.
Notre démarche ne va pas dans le sens de la défense d’intérêts particuliers de telle ou telle profession mais bien dans le sens de l’intérêt général. En effet, les professionnels ne pouvant justifier d’un subit classement en zone inondable peuvent être tentés de minimiser les risques et ainsi aboutir à l’effet inverse de celui recherché par loi.
Par ailleurs personne ne maîtrise le comportement des compagnies d’assurances qui en l’absence d’une hiérarchisation des risques, pourraient augmenter significativement leurs primes, et en faire payer uniformément le prix aux assurés.
Nous condamnons donc sans réserve la méthode d’application du PPRI sans discernement ni concertation avec les élus, les professionnels et la population.
Ce plan menace directement l’avenir de nos territoires, de notre économie et de nos emplois.
En effet, nous sommes déjà suffisamment victimes de l’absence d’une politique économique cohérente et tournée vers l’avenir. Nous voyons disparaître nos agriculteurs sans que leurs terres fassent l’objet de projets préservant à la fois les emplois, le caractère de ruralité, la préservation de l’environnement et le développement économique. Je rappelle que nous sommes frappés par un taux de chômage largement supérieur la moyenne nationale. Dans ces conditions les énergies et compétences locales disponibles se voient empêchées de construire un avenir qui doit plus et mieux se tourner vers le tourisme.
Les pistes les plus sérieuses de notre développement, et pour la reconversion d’une grande partie de notre économie et de nos territoires, sont véritablement "plombées" par l’absurdité de cette situation.
Nous faisons clairement les frais de la culture hyper centralisée de notre pays, qui étouffe les territoires, nous soumet au diktat de Paris qui ne nous demande jamais notre avis.
En conséquence, nous demandons un moratoire en l’absence d’une information objective et justement proportionnée. Que la durée de ce moratoire permette la mise en place d’un PPRI objectif et détaillé commune par commune, sur la foi d’études contradictoires, faisant la réelle part des choses entre évidence, probabilité ou improbabilité des risques, aboutissant à la pertinence de l’information.
Pour des questions évidentes de transparence, nous demandons que soient communiqués et publiés les noms des bureaux d’études qui ont déjà été sollicités par l’état et demandons à connaître les noms de leurs dirigeants.
Nous proposons que dans cette attente, et afin que le public puisse toutefois accéder à une information, qu’une notice explicative accompagne les contrats d’achat ou de location.
A titre personnel, je demande aux députés de notre département qu’à l’occasion de la prochaine rentrée parlementaire, ils portent le projet que ce dossier devienne paritairement l’affaire des régions, des collectivités locales et de l’état. Et non plus une gestion unique des préfets qui ne disposent à l évidence pas de la cohérence et légitimité territoriale pour conduire seuls cette affaire.
Encore une fois nous ne nions pas la nécessaire information due à chacun. Mais celle-ci doit être réaliste, établie dans la transparence, l’indépendance et la concertation, tenant compte de l’historicité des évènements; hiérarchisées sur la foi d’études contradictoires connues de tous.
Dans cet esprit, j’adresserai un courrier dans les heures qui viennent à Nelly Ollin Ministre de l’Ecologie, à Christian Estrosi Ministre délégué à l’aménagement du territoire et à Hugues Parant, préfet de Vaucluse. Je leur demanderai qu’une délégation du collectif soit reçue sans délai afin de trouver des solutions constructives.
Je suis en contact avec l’association des maires du haut Vaucluse et du sud-Drôme dont nous sommes solidaires, puisque ces derniers sont engagés dans exactement le même combat. Un de ses membres, le maire de Buies les Barronies M. Jean-Pierre Buix que j’ai eu hier en ligne, a également tenu ce matin une conférence de presse sur le même sujet, et nous exprime sa solidarité. Nous avons convenu d’étudier une mutualisation et coordination de nos efforts.
Dans cette attente nous appelons tous les maires, professionnels et citoyens de Vaucluse à se rapprocher de nous.
Apparemment complexe, ce problème n’en est pas moins important pour notre avenir commun. Il est donc urgent de l’expliquer comme de se mobiliser, il en va de nos emplois, de la survie de nos villages notamment.
Je vous remercie.
Christian Chavrier